Entries by maryse

L’effet poisson rouge
Publiée dans le cadre du Concours Fnac 2011 : Bonnes ou Mauvaises Nouvelles Policières

En passant la porte de son appartement au petit matin, Cyril se promet qu’il ne recommencera pas. L’aube se lève à peine. C’est le moment de la journée qu’il préfère. Entre chien et loup. Cette heure lui ressemble. Apprivoisé le jour et sauvage la nuit. Est-ce pour cela qu’il traîne jusqu’aux aurores avant de rentrer chez lui ? Ou est-ce plus simplement le vice qui le tient éveillé, en alerte ?  Qu’importe la raison, puisqu’il ne succombera plus. Enfin, il l’espère… Il  ferme les yeux en priant que le sommeil vienne vite. Il ne lui reste que trois heures à dormir. Deux cycles de sommeil, c’est trop peu pour laver l’horreur de la nuit. Mais il devra s’en accommoder.  Il prend son service à dix heures, ce lundi.

***

Au même instant, Giuseppe boit son espresso  accoudé à la table de la cuisine. A cette heure si matinale, il ne peut rien avaler d’autre. La rigueur qu’il s’est imposée ces deux dernières années tient plus de la vie monastique que du simple désir de recouvrer un semblant d’équilibre. Quel que soit le jour de la semaine ou le temps qu’il fait, Giuseppe se lève à six heures trente. Il prend une douche, se sert un café et ensuite ne fait plus rien. Jusqu’à huit heures trente. Là, il n’a plus le choix, il doit sortir de chez lui pour aller travailler. Deux heures lui sont nécessaires pour être prêt à affronter le monde extérieur.

***

Annie est ce qu’on peut appeler une forte personnalité. Tout le monde l’appelle Maître Simonet !! Annie est huissier de justice et à l’heure où l’un se couche et l’autre se lève, Annie prend en flag, saisit, expulse ! Elle met tout le monde dehors en quelques formalités.

***

Et Paul suit Annie. Il est incolore, inodore et insipide. Il ne fait que ce que Maître Simonet lui demande. Sans état d’âme, sans remettre en question les décisions qu’elle prend. C’est la petite main de l’étude. La main qui tient les documents, qui vérifie les identités, les adresses et qui présente les avis d’expulsion. Qui entre dans les logis dossier en tête comme d’autres partent au combat, la fleur au fusil. Sans jamais se poser de question.

***

Le lendemain, mardi, le titre à la Une est ravageur :

DEUX  MORTS  INEXPLIQUEES  RUE  SAINT-MARTIN

Paul n’en croit pas ses yeux. Il dévore l’article et ne comprend pas !!  Rien n’indique que les évènements décrits dans le journal aient un quelconque rapport avec lui, mais,  au fur et à mesure qu’il parcourt le texte, la peur s’insinue lentement entre ses omoplates.

La veille, l’expulsion prévue au troisième étage d’un vieil  immeuble du centre ville devait être de la simple routine. L’individu de quarante six ans, vivait seul, ne possédait pour toute fortune que quelques meubles et quelques appareils audio-visuels. Il ne payait plus ni le loyer ni les factures depuis des mois et les traites de sa camionnette n’étaient plus honorées depuis bien plus longtemps encore.

Mais tout avait dérapé et pour Paul, le cauchemar allait commencer.

***

Lundi seize heures. Sur le palier du troisième étage, l’occupant de l’appartement de droite ne répond pas aux nombreux coups de sonnette. Comme d’habitude lors de l’expulsion d’un locataire, après les sommations d’usage, le serrurier procède à l’ouverture de la porte. Il demande à l’huissier s’il doit changer la serrure, mais aujourd’hui, ce ne sera pas nécessaire. Il a travaillé comme un chef ! Il signe le document que lui tend Maître Simonet, en lui disant qu’il enverra la facture. Il rentre chez lui, le cœur un peu lourd. Il n’aime pas les expulsions.

Annie entre en trombe dans le deux pièces. Après un rapide tour d’horizon pour vérifier qu’il n’y a personne, elle entreprend l’inventaire des meubles et des objets de valeur.

–          Paul, occupez-vous des papiers personnels, s’il vous plait.

–          Pas de Problème, Maître !

Paul disparaît dans la chambre et l’appelle de l’autre côté de la cloison.

–          Maître, j’ai trouvé un bocal avec un poisson dedans ! Qu’est-ce qu’on en fait ?

–          C’est quoi comme poisson ? » Lui demande-t-elle ?

–          Un tout bête, un rouge! » lui dit Paul.

–          Vous n’avez qu’à vous en charger, lui répond Annie. Vous connaissez la procédure !

Paul réfléchit quelques secondes en se grattant le cuir chevelu. Oh et puis zut ! Il ne va pas se laisser emmerder par un poisson rouge !!  Il a autre chose à faire qu’à aller le déposer à la S.P.A. comme le prévoit la loi. Maître Simonet veut qu’il prenne des décisions ? Pas de problème, il va  le virer dans les toilettes ! Ni vu, ni connu. Ça lui évitera le déplacement.  Paul jette la malheureuse bête dans la cuvette des W.C. et tire la chasse d’eau sans autre forme de procès. Pour une fois, Paul a pris une initiative.

Quelques minutes plus tard, le regard d’Annie est attiré par un grand tableau magnétique sur lequel figurent des photos. Des paysages méditerranéens. Sur l’un des clichés, les grandes  maisons blanches rivalisent de beauté et de sérénité avec les collines avoisinantes. Sur un autre, un couple très âgé, vêtu de noir, cligne des yeux devant l’objectif, aveuglé par l’intensité du soleil. Et puis il y a le portrait de cette jeune femme, allongée au bord d’une piscine somptueuse. Brune, peau mate, yeux d’ébène et dont le sourire éclabousse de lumière  la campagne environnante.  Elle est très belle, elle semble heureuse. Bizarre, se dit Annie. On dirait les photos d’une riche  famille italienne…, ça ne cadre pas avec ce qu’elle a appris de l’expulsé et de sa vie de bâton de chaise.  Un sentiment de malaise commence à l’envahir. Posé sur la tablette juste en dessous du cadre, à côté du téléphone, se trouve le courrier. Sur les enveloppes, un nom et une adresse : Giuseppe Ancona, 18 /3b rue Saint-Martin. Le sang d’Annie se glace dans ses veines !

–           Paul, crie-t-elle. On est à quelle adresse ici?

–           Au 18, rue Saint-Martin, Maître.

–          Je sais ! Mais quel appartement ?

–          Ben, le 3a ! C’est mis dans le dossier.

–          Et il s’appelle comment notre client, à votre avis, hurle-t-elle. Ancona ?

–          Non, c’est…, attendez, je vérifie dans mes notes…

–          Pas la peine mon petit Paul ! Notre gars s’appelle Cyril Desmarais. Alors comment expliquez-vous que ce courrier soit  adressé à un certain Giuseppe, crie-t-elle en agitant un paquet de factures. C’est le nom du poisson rouge peut-être!

–          Oh, merde !! J’ai encore fait une connerie…

–          Je ne vous le fais pas dire, fulmine-t-elle.  Ici, on est au 3b. Allez vérifier le nom sur la sonnette de l’appartement d’en face !

Quelques secondes et il revient, penaud, le regard baissé. Maître Simonet est sur le point d’exploser! Jamais auparavant, elle n’avait dû travailler avec pareil incapable ! Prête à l’étriper vivant, elle parvient à se contrôler et lui dit de se dépêcher de tout remettre en ordre. Avec un peu de chance, ils pourront s’en aller sans laisser de trace et sans que l’habitant des lieux ne s’aperçoive de leur passage !  Ils se précipitent sur le palier et au moment où la porte se referme sur eux, Paul, mal à l’aise, se met à toussoter.

–          Hum, hum, et pour le poisson rouge, Maître, on fait quoi ?

–          Comment ça, on fait quoi ? Qu’est-ce que vous en avez fait ?

–          Ben,… je lui ai rendu sa liberté.

–          Pardon ?

–          Je l’ai jeté dans les toilettes ! lui confesse-t-il.

–          Mais Paul, vous êtes cinglé, où avez-vous la tête ? Pauvre bête !

–          Je suis désolé, Maitre, je ne pouvais pas prévoir ! Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

–          On prie, Paul ! On prie pour que le propriétaire ait beaucoup d’imagination et on revient demain pour l’expulsion du 3a!

Soudain, un bruit de chute. Un étage plus bas, ils trouvent un homme affalé sur le palier. Le dos appuyé contre le mur,  les traits tirés. Il sent l’alcool et semble effondré. Annie lui demande si tout va bien. Il acquiesce mais sa voix est rauque, il respire difficilement. Elle l’aide à se relever en se disant qu’elle devrait lui conseiller d’arrêter de boire.

***

Cyril est gagné par la panique. Ce qu’il vient d’entendre dans la cage d’escalier a eu raison de ses derniers espoirs. Fuir, vite. Déménager le peu qui lui reste.  Mais il va d’abord falloir se calmer. Ensuite,  s’organiser. Tout préparer et attendre la nuit pour remplir la camionnette. Et partir loin, sans faire de bruit, pour que le tourbillon de la justice ne l’emporte pas.

***

En ce début de soirée, Giuseppe vient de rentrer du travail. Il est livide, il tremble de tous ses membres. Ils l’ont localisé.  Ils sont entrés chez lui. Il savait que cela devait arriver. Que ce n’était qu’une question de temps. Ils l’avaient prévenu qu’ils n’accepteraient pas qu’il témoigne. Deux ans de sa vie sacrifiés pour racheter ses fautes et voilà que le jour qu’il redoutait tant est arrivé. Si près du but… L’avertissement est clair. Ce n’est pas un hasard. C’est leur façon d’opérer, par petites touches… pour faire monter l’angoisse ! Il retire son témoignage ou il disparaît. Comme sa famille autrefois, là-bas, en Italie et comme aujourd’hui, son seul petit compagnon. Ce ne serait pas la première fois qu’une dalle de béton servirait de cercueil à un repenti. Giuseppe n’a jamais eu aussi peur. Même dans les pires moments, il avait été capable de garder son sang froid. Mais changer de nom, de pays, de métier, vivre en permanence dans la terreur avait eu raison de son équilibre psychique. Il est à bout. Il se met à sangloter, affalé sur la table de la cuisine. Il se redresse en titubant, sa cage thoracique lui fait mal, il étouffe, il est terrorisé. Il faut qu’il prenne l’air. Il faut qu’il sorte. Tant pis pour le risque.

Dans le hall d’entrée, la concierge arrose les plantes.

***

Ce mardi matin, Paul doit préparer les dossiers de flagrant délit d’adultère mais il n’arrive pas à se concentrer. Il a lu et relu l’article du journal une dizaine de fois. Vers treize heures,  il quitte l’étude et, un jambon beurre en poche, décide d’aller faire un tour rue Saint-Martin.

La concierge trône sur le pas de la porte. Aujourd’hui, elle a quelque chose à raconter ! Il s’approche et lui demande ce qui s’est passé.

–          Deux morts, Monsieur, vous vous rendez compte ! Quel drame ! Qui pouvait  prévoir que ce pauvre Monsieur Ancona allait nous faire une crise cardiaque ! Un monsieur si discret, jamais un mot plus haut que l’autre. Il est mort dans mes bras. Il tremblait, bafouillait, ça faisait peine à voir.

Le pouls de Paul commence à s’accélérer.

–          Et  qu’est-ce qu’il disait ?

–          Oh, pas grand chose, vous savez. Il s’agitait et il pleurait beaucoup. Tout ce que j’ai compris, c’est qu’il parlait de poisson. J’ai eu beau lui dire qu’on n’était pas vendredi, que ce n’était pas le jour, rien ne l’a calmé. Il est mort en quelques minutes. Les secours n’ont rien pu faire…

Paul avale difficilement sa salive.

–          Et l’autre personne ?

–          Lui, c’est une autre histoire ! Un drôle de type. Jamais rasé, toujours mal habillé, pas propre sur lui. Il ne payait plus le loyer depuis des lunes. Il devait être saoul, comme d’habitude…  Il garait toujours sa camionnette sur le trottoir d’en face. Il s’est fait écraser en traversant la rue au milieu de la nuit, un écran plat dans les bras ! Il jouait beaucoup…  il l’avait peut-être gagné cette nuit au poker, allez savoir ! Drôle de façon de mourir…

Paul la remercie et traverse la rue, la bouche sèche, les jambes en coton. Une photo parue à la Une de ce matin le hante depuis des heures. Celle d’un homme qu’il a croisé hier dans l’escalier. Il contourne la fourgonnette que lui a indiquée la concierge et jette un œil à l’intérieur. Ce qu’il voit par la fenêtre lui retourne les tripes. Quelques vestiges d’une vie réduite à un coffre de voiture.

***

Quelques jours plus tard, le commissaire en charge du dossier regarde sa montre. Maître Simonet devrait arriver. Peut-être pourra-t-elle l’aider à comprendre cette affaire. Un de ses employés s’est pendu dans son grenier.  A priori, ce serait un suicide. Mais personne dans l’entourage du défunt ne semble savoir pourquoi. Le décès est considéré comme suspect. Le policier est perplexe : un message trouvé près du cadavre l’intrigue au plus haut point.

Pardon pour le poisson rouge

Paul

Février 2011

Gaspard

Sur la table de la cuisine, bien en évidence, le carnet de santé de Gaspard. Comme si je risquais d’oublier le rendez-vous ! Depuis sa naissance, il y a dix-huit mois, c’est toujours moi qui l’emmène à la clinique pour ses visites de contrôle et pour ses vaccins. Ma femme a horreur des salles d’attente. Elle a horreur de beaucoup de choses d’ailleurs.                                                                                                                               Je l’installe et l’attache sur le siège arrière de la voiture. D’habitude, passées les premières minutes d’excitation où il gigote dans tous les sens, le roulis le berce et il s’endort. Mais aujourd’hui, il tire une drôle de tête.

– Alors mon bonhomme, ça va ?  Tu boudes ?  T’inquiète pas, c’est rien du tout. Juste une petite piqure, tu sentiras rien, j’te promets.

 

Un transat sur la pelouse, une odeur d’huile solaire. Elle rôtissait tranquillement sous le filtre de son chapeau de soleil. « Minou, tu veux bien m’apporter un verre d’eau, s’te plait ? »  Il était heureux. C’était prévu dans 3 mois.  Elle ne lui avait  jamais semblé aussi épanouie.

 

– T’es tranquille, toi. Elle t’emmerde pas. Sauf quand tu fous tes jouets partout. Ça, elle aime pas !

Dans le rétroviseur, un regard inquiet.

– Oh, me regarde pas comme ça. On dirait que c’est d’ma faute…

– huuummmm

– C’est ça mon gars, soupire… « Cœur qui  soupire n’a pas ce qu’il désire ». Tu crois que j’ai ce que je désire, moi? T’as vu son caractère à la mère supérieure. Fais pas ci, fais pas ça. Enlève tes chaussures, frotte tes pieds, baisse la lunette des toilettes. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de la planche des chiottes !

 

C’était bien avant l’arrivée de Gaspard. Leur lit ressemblait à un désert depuis qu’elle avait perdu le bébé. Ce n’était pas le premier. Pas de mot, rien qu’une déchirure qui grandissait un peu plus. Elle se levait tard, se coiffait à peine. Il partait travailler le cœur à l’envers. Le café du matin n’avait plus le même goût depuis que le verdict était tombé : il vaudrait mieux éviter qu’il y ait une prochaine fois.

 

 

– Tu te rappelles la scène qu’elle nous a faite quand j’ t’ai donné un biscuit dans le fauteuil et que t’as fait des taches sur l’accoudoir. La crise ! J’ai dormi une semaine à l’auberge du cul tourné.

– …

– Tu dis rien, bien sûr… Note qu’à ta place, je dirais rien non plus.

 

 La soirée des actionnaires. Il fêtait son engagement comme avocat associé. Durant la soirée, elle  cherchait son regard sans arrêt, l’effleurait dès que l’occasion s’en présentait, jouait à faire tourner son alliance autour de son doigt. Elle portait une robe de soirée noire avec le dos décolleté jusqu’au creux des reins. Une pièce dénichée dans une boutique de seconde main. Sans griffe et renversante.  Cette année la broutille qu’elle portait valait un demi mois de salaire et  n’avait pas suffi à lui arracher un sourire de tout le repas.

 

– Je te signale quand même qu’elle t’a traité de catastrophe ambulante, la semaine dernière. Tout ça parce que t’as renversé un vase sur la table du salon. T’as bien fait, il était moche, le vase.  T’as pas entendu parce que tu faisais la sieste, mais c’était pas joli, joli. Le bébé à sa maman, il en a pris plein la tronche !

 

Le resto de la rue du Bac. La table du fond à gauche. Celle près de la cage d’escalier. La table qui les attendait tous les vendredis soir. Et puis un vendredi sur deux. Ils avaient espacé leurs sorties car c’était toujours la même rengaine. Elle se plaignait de la nourriture, trouvait que l’endroit était devenu trop bruyant. Et depuis que Gaspard était là, c’était pire. Elle ne voulait pas l’emmener avec eux, elle trouvait qu’il gesticulait trop. Elle n’avait pas envie non plus, de le conduire et d’aller le rechercher chez ses parents. Trop loin, trop fatigant. La dernière fois qu’ils  y étaient allés, le patron les avait à peine salués et leur avait dit qu’à l’avenir, ils devraient réserver.

 

–  Tu dors mon bébé ?

 

Depuis que Gaspard courait partout, elle le suivait à la trace avec un torchon, essuyait sans cesse les traces humides sur les meubles de la cuisine, les reliefs de nourriture sur le sol, autour de la table. Il espérait que le cap douloureux était derrière eux, que Gaspard avait en partie comblé le vide, guéri les blessures. Mais il n’avait pas vécu  un jour sans une remarque. Elle râlait en continu. Les engueulait tous les deux, pour un oui, pour un non. Elle se foutait en rogne contre Gaspard et puis le cajolait dans la minute qui suivait.

 

Gaspard s’agite dans mon dos.

– On s’calme, fiston. Pas la peine de remuer comme ça. Tu sais qu’on arrive, hein !

La salle d’attente est remplie. Je respire un grand coup, un parpaing sur l’estomac. J’en ai marre que sa mère me laisse toutes les corvées. Après tout, c’était son idée à elle de venir ici.

– Tu sais que papa était contre, hein mon grand ?

Assis sur une chaise inconfortable, Gaspard  réfugié entre mes jambes,  je sens son corps tout chaud qui tremble contre mes cuisses. Il se met à pleurer.

– Allons chouchou, un peu de courage. T’es un mâle quand même…

Gaspard lève le museau vers moi, l’œil suppliant.

J’avale de travers. Je me dis, oui, mon gars, t’es un mâle. Pour quelques minutes encore…

 

Le regard de Gaspard a eu raison des dernières bribes de soumission de son maître. Elle ne comprendra pas et lui fera une autre scène. Il s’en fiche.

 

– Viens mon chien, je t’emmène voir la mer.

Juillet 2012